Tout d'abord, il est necessaire de faire une différence entre les masques véritablement traditionnels et les masques considérés plutôt comme des objets décoratifs.
Les masques traditionnels sont utilisés pour les cérémonies et les rites des ethnies burkinabé. Ils sont fabriqués par la caste des forgerons, les gardiens de la coutume, avec une technique gardée secrète de génération en génération. Réceptacle d’une puissance invisible, les masques sont sacrés, craints et respectés par tous.
Les masques artistiques n’ont pas la même signification aux yeux des populations locales. Produits dans un but commercial, ils ne répondent pas aux mêmes critères de fabrication et sont dénués de pouvoirs mystiques.
« Sou » ou culte des masques de Gossina, village situé à 35 km de Toma dans la province du Nayala, est un rituel qui a lieu tous les trois ans. Il existe trois lignages détenteurs de masques à Gossina. Les masques sont au début et à la fin de toute organisation sociale du village san de Gossina.
En effet, le culte des masques de Gossina s’étend principalement sur deux semaines. Mais la fête proprement dite se déroule en deux jours : le départ des masques à l’autel de « Sou » et la danse des masques à la place publique du marché. Selon l’initié au culte des masques du lignage des Dié du quartier Guila, Diyè Dié, à la veille de la fête, les masques-mères des différents lignages détenteurs de masques sortent pour hurler la nuit.
Après les différents hurlements des masques-mères, tous les masques se retrouvent dans leur forêt », relate Diyè Dié. Tôt le matin, l’on assiste à la sortie des masques des différents lignages. La sortie des masques des Dié de Guila est la plus spectaculaire. Le village est alerté par le retentissement des tambours à proximité de la forêt dénommée « Wonkodan », de laquelle les masques sortent. Cette sortie des masques suit un ordre hiérarchique. Le tambour-mère appelle d’abord les masques non sacrés, avant d’arriver aux masques les plus sacrés, les plus craints.
Le masque-mère appelé « nakrô-magnè » sort, en dernière position. Chaque masque, après avoir été maintes fois invoqué, sort dans ses plus belles tenues, esquisse des pas de danse, fait des va-et-vient. Une cérémonie pleine de joie à faire éclater le public. Les masques de Gossina ont une tête en bois sculpté et des vêtements en fibres. Les masques zoomorphes sont les plus dominants. Ils représentent surtout les animaux sauvages. Une autre tendance, moins manifestée, consiste à faire des modèles anthropomorphes.
« Sou » pour la paix et la cohésion sociales
Durant la période de « Sou », toute dispute est punie à Gossina et dans ses villages alliés et aucune femme ne doit quitter son mari, quel que soit le motif pendant la période des « Sou ». Tout vol est aussi proscrit, à l’en croire. « Le septième jour de la fête est sanctionné par une tournée des initiés au ‘’Sou’’ appelés ‘’sounè’’ dans tous les villages rattachés à Gossina, à travers le rituel pour attraper des chèvres afin de les sacrifier. Ce rituel est effectué pour favoriser l’abondance de la pluie et la paix sociale dans le village.
Masques de Gossina